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ment lisse et sans noeuds : ce gramen porte, en dialecte languedocien, le nom de paillo dé bosc, et en celtique, celui de
paille de marais ou haummoor, – haum, paille, – moor
(mour), marais –. Cette dénomination de haum-moor, appliquée dans la Gaule entière, aux terrains marécageux, a
été partout dénaturée et travestie jusqu'à devenir un homme
mort.
Du haut de la crête qui porte les roulers, en regardant
vers le sud, on voit se dessiner une longue ligne de roches
aiguës de toutes formes et de toutes dimensions, bien orientée, d'ailleurs, du levant au couchant, et s'étendant depuis le
Col de la Sals jusques et au delà de la Blanque. Le nombre
des aiguilles naturelles y est considérable ; néanmoins, au
milieu d'elles, une multitude d'autres roches taillées en
pointe sont redressées par la main de l'homme, et constituent de vrais ménirs, comme on peut s'en convaincre soimême, en examinant la pose de ces grandes pierres, qui
sont d'un facile accès. La fatigue se fait bien un peu sentir
en grimpant sur les flancs du Serbaïrou par des sentiers peu
fréquentés, – to swerve (souerve), grimper, – by-road (baïrôd), chemin peu fréquenté – ; mais on est largement dédommagé, lorsqu'on est en présence du travail gigantesque
fait par nos ancêtres. C'est bien là, en effet,