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Lvlc-229

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à Espéraza, et il y a à peine trente ans, la plus grande partie
de la population de ce gros village appartenait à la corporation des radeliers. Il est vraiment prodigieux que les industries et les professions des Celtes se soient ainsi conservées
intactes jusqu'à nos jours.
Espéraza, que les habitants nomment avec raison Sparassa, est appelé Sperazanus, dans une bulle du pape Callixte
II, en date de l'année 1119, citée par Dom Vaisette. La
contexture de Sparassa renferme les mots suivants : – spar,
poutre, – axe, hache, – hand, main ; la main des radeliers
terminait, à l'aide de la hache, la construction des trains de
bois, qui sous forme de radeaux, flottaient sur les eaux de
l'Alder. Avec quelle sûreté les indigènes de ce village n'ontils pas conservé l'ancienne expression celtique, à peine
adoucie lorsqu'ils prononcent Sparassa !
Debout sur son carras, retenant de la main une longue
rame placée sur l'avant, le radelier de Sparassa se laissait
emporter par les eaux de l'Alder, en dirigeant avec habileté
sa voiture flottante. Son adresse était bientôt mise à
l'épreuve, en arrivant, à Couiza, dans le coude formé par la
rivière, coude qui a fait donner son nom au village bâti sur
ces bords. Couiza, Kousanus, dérive de Kove, petite baie,
crique,